Je suis donc retournée pendant presque 3 semaines dans mon pays de cœur, l'Angleterre , où je n'avais pas pu mettre les pieds depuis 18 mois, cause pandémie et raisons de santé .
Si bien évidemment , je n'ai jamais cessé d'avoir des nouvelles, via ma famille restée là bas, et mes différents amis , et connaissances travaillant au Parlement Britannique, je voulais tâter le terrain par moi même, et voir la différence entre 2019 et maintenant.
Première chose que je voulais voir de moi même , les rayons vides dans les supermarchés.
J'ai donc arpenté les Tesco, Sainsbury, Morrisons, et Lidl du Kent (j'étais dans le Kent) , et j'ai pu constater en effet, pas mal de rayons vides, certains adroitement aménagés pour masquer la pénurie, en mettant des photos en carton des produits manquants, pour que cela saute moins aux yeux.
Je voulais aussi parler aux gens et voir comment ils vivaient le Brexit, en constatant journellement les problèmes que cela apportait au quotidien, dans les industries et commerces, et dans leur vie de tous les jours.
Dès que vous prononcez le mot Brexit , ils vous répondent : oh le B word maudit ! Et juste après « don't get me started » !, qui signifie ne me lancez pas sur le sujet !
J'ai plusieurs amis qui ont des business au Royaume Uni , dont une amie très proche qui est propriétaire de 3 cliniques vétérinaires très importantes dans le Kent.
Les prix des produits vétérinaires ont triplé, l’approvisionnement est devenu un réel problème avec des périodes de longue pénurie, ce qui fait qu'elle doit passer des commandes très importantes et prévoir un stock très longtemps à l'avance.
Il y a aussi une augmentation de formulaires administratifs ( red tape) , concernant les passeports vétérinaires pour ceux qui veulent voyager dans un pays de l'UE avec leurs animaux, un surplus de vaccins à avoir (avec la pénurie , cela complique tout). Bref, depuis 2020, son business a ralenti, non pas en terme de clientèle , mais au fait que tout devient compliqué par les tracasseries administratives qui lui prennent beaucoup de temps, coûtent de l'argent, la gestion des stocks (qui influence sur les RDV programmés si manque d'un produit), et la difficulté de prévoir ce qui sera livré ou pas.
Et il ne s'agit que d'une clinique vétérinaire. Dans les hôpitaux et cabinets médicaux, les prises de sang non urgentes sont annulées en ce moment (envoi d'emails par le NHS), car ils manquent de tubes en verres pour les prélèvements.
Certains médicaments prennent un temps fou à être acheminés, et cela se ressent dans les pharmacies. L'insuline par exemple, que l'Angleterre ne produit pas, et qui doit être importée d'Europe ou ailleurs (ainsi que les appareils à injection). Un accord a été mis en place certes, lors du deal, mais cela a fait augmenter les tarifs, et là encore, les plus touchés sont les plus pauvres. Et rien ne garantit qu'une pénurie ne puisse avoir lieu, c'est l'inquiétude à ce sujet.
Dans plusieurs villes du Kent, des magasins ont fermé , magasins qui traitaient avec l'UE, et certains Français que je connaissais, qui avaient des cafés , bars, etc, sont partis depuis 2019 , (avant la pandémie, car leur business subissait un réel ralentissement et ne devenait plus viable , rapport aux augmentations et de la paperasse.
J'ai donc trouvé certaines rues bien changées, des amis repartis dans leur pays d'origine, des magasins à l'abandon .
Et au cours de mes conversations, ressortent deux tendances :
Ceux qui sont fatalistes, et disent , que peut on faire maintenant , on ne peut que subir, (pas la même mentalité du tout que la France où nous aurions des défilés dans les rues tous les jours) , et ceux qui ne décolèrent toujours pas et ne pardonneront jamais aux Brexiters, ni au gouvernement d'incapables , et qui sont conscients de la manipulation de masse qui a été orchestrée (je n'ai pas eu à citer le nom de Poutine, il est venu tout seul dans la conversation), mais le Rapport Russe ayant été rendu public (après des mois de tergiversation par Boris , et pour cause), les Britanniques savent donc que oui, il y a au eu ingérence Russe, et que leur gvt a dit au MI5 de fermer complaisamment les yeux, ne « prenant pas la menace » au sérieux. Ici, j'en profite pour rappeler que 14 ministres du gvt Tory ont reçu des millions de la part des Oligarques Russes. Vous comprenez donc pourquoi il fallait fermer les yeux sur l'ingérence Russe dans le Brexit .
J'ai donc retrouvé une Angleterre désabusée, triste, et dont les rues ne ressemblent plus à celles que j'ai connues (animées, pleine de petits cafés tenus par des Européens), des supermarchés sans intérêt avec un choix limité, des gens tristes de ne plus être dans l'Union Européenne .
La blessure est tangible et palpable et j'ai peur que lors de mon prochain séjour , elle ne soit encore plus béante.
Murielle Stentzel.
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