La désinformation russe est toujours plus répandue pendant les saisons électorales - par exemple autour de l'élection présidentielle américaine de 2016 et des élections au Parlement européen de 2019 - avant des référendums clés tels que le vote de 2016 sur le Brexit, et lors de manifestations à grande échelle comme celles de Catalogne en 2017 pour l'indépendance , et en France en 2018-2019 avec les gilets jaunes – et maintenant avec la pandémie de coronavirus.
Le plus souvent, les messages remettent en question la légitimité démocratique de l'UE et abordent des sujets sensibles dans le débat public, sapant la confiance dans les institutions et dans les élites politiques dans les sociétés européennes.
De plus, l'interprétation des événements historiques est devenue un outil privilégié de la désinformation russe, principalement parce qu'elle provoque de fortes réactions émotionnelles, comme récemment lorsque Poutine a faussement accusé la Pologne d'avoir déclenché la Seconde Guerre mondiale et de participer à l'Holocauste.
L'objectif est d'affaiblir l'UE en polarisant la société au sein de chaque État membre. Par ces actions, les autorités russes visent à influencer les processus internes de l'UE au profit de la Russie, par exemple pour abolir les sanctions économiques imposées après l'annexion de la Crimée par la Russie et l'agression contre l'Ukraine et pour inclure la Russie dans le débat public sur la sécurité européenne.
Les campagnes de désinformation des autorités russes utilisent à la fois les médias traditionnels et les médias en ligne, y compris les plateformes de médias sociaux.
Les médias traditionnels russes pro-gouvernementaux ont une portée et un budget importants. Deux de ces chaînes, RT et Spoutnik, opèrent dans 100 pays et diffusent des programmes en trente langues. Le budget annuel de RT d'environ 270 millions d'euros lui permet de rivaliser sur la scène mondiale de l'information avec BBC World et France 24, qui disposent de budgets similaires.
Ensuite, il y a l'Internet Research Agency, qui s'est révélée être une soi-disant usine de trolls appartenant à Yevgeny Prigozhin, un proche associé de Poutine. L'agence mène des opérations d'information en ligne et constitue une partie importante des activités de désinformation russes.
Fonctionnant depuis 2013, elle dispose d'un budget mensuel d'environ 1 million d'euros et emploie environ quatre-vingts personnes réparties dans les sections étrangères. La tâche des employés – les « trolls » – est de créer de faux comptes de médias sociaux et de mener des discussions en ligne avec des personnes du monde entier dans le but de provoquer des émotions extrêmes et d'exaspérer les gens, les pousser à la haine (d'un individu – EM , d'un gouvernement, d'une institution).
Depuis début 2020, ils diffusent également de la désinformation sur le coronavirus dans le but d'induire la méfiance à l'égard des institutions publiques et d'aggraver la crise de santé publique dans l'UE.
NDLT : A l'heure où je traduis, 285 intox répertoriées sur EU vs DISINFORMATION sur les vaccins, intox souvent reprises par nos complotistes notoires, dont une certaine ex généticienne récemment, intox à propos de la vaccination en Afrique, intox sur les vaccins ARN , etc).
Le plus souvent, leurs publications sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Telegram) et autres plateformes en ligne (YouTube, Google) remettent en question la légitimité démocratique de l'UE et mettent en scène des sujets sensibles dans le débat public tels que la migration, la souveraineté nationale et les valeurs. Les canaux et les stratégies de désinformation qu'ils utilisent dépendent du pays et du groupe cible de leur message, et l'efficacité de celui-ci dépend de la résilience des sociétés à contrer l'information, la manipulation et la provocation.
Avec ses diverses méthodes et canaux, la désinformation russe reste un outil fort de contestation de l'ordre en Europe. Et connaissant les objectifs stratégiques de la politique étrangère de la Russie, cela ne se terminera pas de sitôt ; l'Union européenne doit se préparer à une campagne de désinformation à long terme.
NDLT : Je reste également convaincue ( et on le saura un jour si enquête d'investigation est faite), que certains meneurs qui répandent ses intox sont recrutés et rémunérés. Il s'agit en général de personnalités tombées dans l'oubli, ( retraitées, désavouées , has been), et qui font un come back en répandant haut et fort toutes ces intox.
Je rappelle aussi que l'ingérence Russe dans le Brexit fut prouvée par le rapport diligenté par le MI5 et délivré par le Gvt Britannique en Juillet 2020, que des députés Tories ont reçu des millions de la part d'Oligarques Russes etc. Des enquêtes d'investigation ont mis tout çà à jour.
En France, quand enfin, un vrai reporter d'investigation décidera de creuser, il sera peut être trop tard, les intox de Poutine nous auront peut être entraînés vers l'abîme , comme le Royaume Uni qui a vu , mais trop tard.
Traduction : Murielle Stentzel .
https://carnegieeurope.eu/strategiceurope/81322
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